Séminaire 2018

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Présentation du séminaire 2017-2018 :

 

Exorganologie I

Panser la post-vérité

dans la post-démocratie

 

 

 

Ce nouveau séminaire pharmakon.fr, qui se tient désormais dans le cadre de la chaire de recherche contributive de la MSH Paris Nord et du programme Plaine commune territoire apprenant contributif, dont cette chaire est un organe, se déroulera cette année dans le cadre du Collège d’études mondiales de la Fondation Maison des sciences de l’homme. Comme au cours des deux années précédentes, il sera consacré à la question de l’exosomatisation.

 

En 2015 nous avions examiné les thèses dans lesquelles Nicholas Georgescu-Roegen convoquait ce concept qui a été formulé en 1945 par le biologiste Alfred Lotka – Georgescu-Roegen soutenant en particulier que l’économie viendrait se substituer à la biologie dans la vie exosomatisée (que nous avons interprétée avec le concept de forme de vie technique de Georges Canguilhem) : la vie exosomatisée est essentiellement constituée d’échanges d’organes artificiels en tout genre, par des voies qui ne sont plus celles des métabolismes biologiques, mais de métabolismes à la fois économiques et technologiques – encore très peu et très mal étudiés.

 

Le second séminaire, qui se déroula en deux temps (automne 2016, hiver et printemps 2017), commença par une interprétation de Lotka lui-même. Il conduisit d’une part à appréhender le discours du transhumanisme du point de vue de l’exosomatisation développé par Lotka, puis à réintroduire – également de ce point de vue – les questions d’entropie relative et d’anti-entropie relative, c’est à dire de localité, celle-ci devant toujours être déclinée sur deux plans : le macrocosme (relativement entropique) et le microcosme (relativement anti-entropique), entre lesquels s’établissent des relations d’échelles.

 

À travers cette problématique,

 

. nous avions examiné les conditions dans lesquelles la biosphère (au sens de Vernadsky) semble se transformer en un exorganisme planétaire;

 

. nous avions posé qu’il faut distinguer entre les exorganismes simples, qui sont les individus psychiques (au sens de Simondon), et les exorganismes complexes, qui sont les individus collectifs – individus psychiques et individus collectifs étant constitués par l’individuation psychique et collective, elle-même conditionnée par l’exorganogenèse comme individuation technique. Nous reprendrons cette année ce sujet en faisant un détour par Henri Lefèbvre (Le droit à la ville).

 

Durant ces travaux, nous avons en effet esquissé quelques traits spécifiques d’une exorganogenèse de l’urbanité – décrivant la transformation des organes exosomatiques s’agrégeant pour former les exorganismes complexes : les villes, les usines, le lien entre villes et usines, qui se substitue au lien entre villes et Eglises. Les territoires urbains acquièrent ainsi à l’époque industrielle des traits nouveaux – caractéristiques de l’Anthropocène.

 

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Quelle était la fonction de l’Eglise ? Vieille question sur laquelle nous devrons revenir à l’époque où nous croyons devoir projeter une finalité dans l’Anthropocène et contre l’anthropie en quoi il consiste – au sens où le GIEC parle de forçages anthropiques (anthropic forcings).

 

Il faut ici rappeler la finalité de ce séminaire : il s’agit de projeter – en lien avec le projet de territoire apprenant contributif de Plaine Commune, et comme on projette un film, c’est à dire un rêve réalisé en deux dimensions et capable de produire des protentions secondaires collectives et des énergies au service de causalités matérielles, efficientes, formelles et finales – une sortie de l’Anthropocène, c’est à dire une perspective vers le Néguanthropocène, par la reconstitution d’une macro-économie guidée par ce que nous appelons la néguanthropie comme critère définitoire de la valeur.

 

L’économie de la néguanthropie, ou anthropie négative (et l’anti-anthropie qui l’accompagne : on verra comment il faut ici mobiliser les concepts de Francis Bailly, Giuseppe Longo et Maël Montévil) n’est pas simplement la translation de l’entropie négative telle que Schrödinger tente de la penser dans l’organique (un an avant l’hypothèse de Lotka). Le passage à l’exorganique nécessite en effet une reconceptualisation qui dépasse les concepts de néguentropie dans le champ technologique, tels qu’ils sont issus de la théorie de l’information. C’est pourquoi nous lirons Norbert Wiener (Cybernétique et société, 1948).

 

Tout cela relève d’une organologie générale, qui consiste à décrire les agencements entre organes endosomatiques, organes exosomatiques et organisations sociales. Quant à ce que nous appelons ici l’exorganologie, elle étudie les conditions exorganiques de solidarité et de durabilité des exorganismes complexes.

 

Ces conditions exorganiques peuvent être urbanistiques au sens contemporain du mot :  par exemple, créer des réseaux sanitaires nécessaires à tel bassin de population. Elles peuvent être économiques : garantir et contrôler la circulation des marchandises, des biens, des hommes, des concepts, de tout ce qui constitue l’urbanité – dont le commerce est une dimension constitutive.

 

Ces conditions exorganiques passent par la question du droit telle qu’elle est liée aux conditions de transformation de la mémoire, et à la circulation de ce que l’on appelle depuis moins de deux siècles l’“information”. Elles donnent à considérer nouvellement la place de l’art, le rôle des archives et leur centralité, la réticulation intra-urbaine et extra-urbaine, telle que s’y produisent des relations d’échelles qui, à notre époque, sont au cœur des « plateformes » devenant biosphériques en mettant en œuvre des technologies de scalabilité.

 

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Pour aborder ces questions, nous nous référerons aux textes suivants :

 

– « World Scientists’ Warning to Humanity : A Second Notice », rédigé par Willian Ripple, Crostopher Wolf, Thomas Newsome, Mauro Galetti, Mohammed Alamgir, Eilenn Crist, Mahmoud Mahmoud et William Laurance, signé par 15 364 chercheurs de 184 pays, et publié le 13 novembre 2017

–  Le Droit à la ville de Henri Lefebvre,

La dynamique du capitalisme de Fernand Braudel,

Post-démocratie de Colin Crouch,

Cybernétique et Société de Norbert Wiener,

– Des articles thématisant la “post-vérité”,

Où atterrir ? de Bruno Latour.

 

Cela nous conduira vers le séminaire de printemps (en mai et juin), qui aura pour titre :

 

Exorganologie II

La remondialisation

 

et où il s’agira de repenser le monde comme faire-monde  – comme kosmos – à partir de la localité du là (da) et comme économie de l’internation. On y reviendra donc sur les travaux de Marcel Mauss déjà évoqués, et sur l’Idée d’une histoire universelle du point de vue cosmopolitique d’Emmanuel Kant.

 

A l’exception de la première séance, qui se tiendra un mercredi au 54 boulevard Raspail, Paris 6è, le séminaire se déroulera les jeudis de 17h à 20 heures à la Maison Suger, 16-18 rue Suger, Paris 6è. La première partie (Exorganologie I) se tiendra ainsi aux dates et lieux suivants :

 

  • Mercredi 13 décembre, de 17h à 20h, 54 Bd Raspail
  • Jeudi 21 décembre, de 17h à 20h, 16-18 rue Suger (Annulé)
  • Jeudi 4 janvier, de 17h à 20h, 16-18 rue Suger (Annulé)
  • Mercredi 10 janvier 14h30 – 17, IRI
  • Jeudi 18 janvier, de 17h à 20h, 16-18 rue Suger
  • Jeudi 25 janvier, de 17h à 20h, 16-18 rue Suger
  • Jeudi 8 mars, de 17h à 20h, 16-18 rue Suger
  • Jeudi 24 mai, de 17h à 20h, 16-18 rue Suger
  • Jeudi 21 juin, de 1èh à 20h, 16-18 rue Suger

D’autres dates seront précisées plus tard.

 

Le nombre de places étant limité, merci aux personnes intéressées de se signaler en dressant un message de motivation à Mary Buon, mary.buon@centrepompidou.fr, en précisant s’il s’agit d’assister au séminaire en présence ou en ligne.